Industrie pétrolière : Total cherche à verdir ses bitumes

Publié le par Bienvenue dans le blog de djibaba.ingenieur

Dans ses laboratoires de Solaize, Total développe des gammes de bitumes extraits du pétrole brut avec l’objectif affiché de réduire l’impact sur l’environnement de l’utilisation de ce matériau pour l’aménagement des routes.
Le Centre de recherche de Solaize (CReS) du groupe Total au Sud de Lyon consacre une partie de ses travaux aux bitumes. Il faut dire que ces derniers qui constituent la partie lourde du pétrole, représentent près de 20% du volume contenu dans un baril. Obtenus après la distillation du brut, ils servent principalement à la construction des routes mais sont utilisés aussi dans le domaine industriel pour leurs propriétés d’étanchéité. « Mais attention, prévient Sophie Mariotti, ingénieure en matériaux et responsable du département bitumes du CReS, tous les bitumes ne se valent pas ». En effet, selon leur origine, les pétroles bruts peuvent présenter des caractéristiques différentes influant sur la qualité des bitumes qu’on peut en extraire et seulement 10% des bruts permettent de produire du bitume. Ils proviennent principalement d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient. « Une partie de nos travaux consiste à vérifier la qualité des bitumes en fonction de leur provenance et de valider l’aptitude du brut d’origine » précise la chercheuse. Dans un secteur qui ne connaît pas la crise, cette démarche permet d’assurer les approvisionnements de Total.

Pour quelques degrés de moins

Les chercheurs du département ont mis au point un bitume plus dur que les bitumes « conventionnels », aux résistances mécaniques accrues, par adjonction de polymères. Le produit a été testé sur un chantier expérimental fin 2009 près de Blois et est commercialisé. « Cela nous permet d’avoir des revêtements routiers plus performants ou de diminuer l’épaisseur de nos enrobés » explique Sophie Mariotti. Un autre bitume a été développé dont la propriété est de fondre à 120°c et non plus à 160°c. Pour pouvoir être liquéfié et mélangé aux granulats constituant la surface des routes et servir de liant le bitume, produit visqueux et presque solide, doit en effet être chauffé, opération qui demande une forte consommation d’énergie. L’économie de 40 degrés de température a un impact direct puisque à la tonne, le nombre de litres de fuel nécessaires au chauffage passe de 7 à 5,5 et que la quantité de CO2 émises à ce moment là passe de 20 kilos à 15 kilos, à la tonne toujours.

Un produit très attachant

Autre axe de recherche pour le département, l’introduction de produits d’origine végétale. Le labo a mis au point une formule permettant d’intégrer dans le bitume entre 20 et 40% de produits issus de la biomasse. Cela donne des liants très clairs, permettant de mettre en valeur la couleur des granulats et d’aménager des revêtements colorisés. Le département s’intéresse aussi au cycle de vie de ses matériaux. « Participer à la diminution des impacts environnementaux ça me paraît indispensable » souligne Sophie Mariotti. Parvenues en fin de vie, les routes sont concassées et partent en décharge. « On est capable aujourd’hui de réintroduire un certain pourcentage de recyclât dans les chaussées neuves » explique la chercheuse tout en notant que de nombreuses innovations restent à venir en matière de bitume. Son département est à l’origine du dépôt de 70 familles de brevets et d’environ 250 brevets par an. Une politique de propriété industrielle plutôt dynamique qui n’est pas près de s’arrêter. Le bitume, « c’est un produit qu’on dit très attachant dans tous les sens du terme. On le prend on se colle les mains, mais une fois qu’on a mis le nez dedans on a du mal à ne pas y rester » assure-t-elle non sans humour.

Publié dans devellopement durable

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